La Profession

Paru le 26 février 2016   

 

> Commander cette édition

Editorial

Sabine Wolf

 

En posant la question «Qui conçoit la conception», le Bâlois Lucius Burckhardt a recueilli à l’époque un large écho auprès des experts comme des profanes. Le thème libérait des émotions insoupçonnées et animait les esprits. Merveilleux! La profession était en effet appelée, avec subtilité et par une question apparemment naïve, à adopter une attitude. Se positionner, s’affirmer, discuter et nouer des alliances.

L’actuelle ambiance est parfois plus larmoyante: l’écart entre l’autoperception des architectes-paysagistes et celle de l’extérieur représente un problème. Alors qu’ils se considèrent comme des généralistes responsables de l’évolution du paysage dans toutes ses facettes et à toutes les échelles, ils sont perçus à l’extérieur comme appartenant à une discipline spécialisée dans le domaine de l’aménagement des espaces extérieurs assez éloignez de la «compétence principale du paysage». A ceci vient s’ajouter le constat de représentants des hautes écoles et bureaux selon lequel il y aurait un problème de relève et que l’actuelle offre de formations n’apporterait pas encore la meilleure réponse à la demande. Inversement, les jeunes diplômés déplorent le fossé entre les connaissances acquises au cours des études et les exigences de la pratique.

Le numéro d’anthos «La formation des architectes-paysagistes» est paru en 1980. Bernd Schubert écrivait alors dans l’article principal que les architectes-paysagistes et de jardins suisses avaient «un niveau traditionnellement élevé en matière d’aménagement des jardins et espaces extérieurs» tandis que le nombre de ceux qui sont investis dans l’aménagement du paysage serait inversement faible, d’où la faiblesse persistante de la reconnaissance de la profession au sein de l’opinion dans ce domaine. Une formation adéquate serait essentielle.

Ne s’est-il rien passé depuis? Bien au contraire! Les thèmes du grand paysage et de l’espace ouvert sont plus actuels que jamais et touchent l’ensemble de la société. Le nombre de diplômés en architecture du paysage est en augmentation – bien que les tentatives d’établir un cursus universitaire associé à des possibilités de recherche correspondantes aient jusqu’à présent échoué. La qualité de l’architecture du paysage suisse reste élevée et internationalement reconnue; il manque désormais une stratégie commune convaincante qui dépasse la mise à l’ordre du jour général du thème du grand paysage et qui ancre l’architecture du paysage – avec ses compétences – dans la perception collective, sous forme de partie de la solution.

Ce numéro d’anthos ne livre pas non plus de solutions toutes faites. Simplement un état des lieux sur lequel bâtir.

 

Nous remercions les enseignants et étudiants d’hepia, de la HSR et de l’EPFZ d’avoir mis à notre disposition le matériel nécessaire à la conception graphique du numéro.

 

 

 

Sommaire

  • Stefan Rotzler: Et le jardin créa l’homme!
  • Annemarie Bucher: Entre Future City et prestations de services d’écosystème
  • Urs Steiger: Un problème de relève
  • Vincent Desprez: La formation des architectes-paysagistes en Suisse
  • Glenn Fischer: Atelier ou presse-citron?
  • Emmanuelle Bonnemaison: La passion du métier
  • Sibylle Aubort Raderschall: Architecture du paysage en concours – concours en architecture du paysage>> Artikel
  • Nicole Wiedersheim: Architectes-paysagistes et architectes
  • Nicole Bolomey: «ZanZibar Open Spaces»
  • Sabine Wolf: Quo vadis, architecture du paysage?
  • Raphael Aeberhard: L’architecture du paysage entre autoperception et perception par autrui
  • Peter Wullschleger: Une vision d’ensemble>> Artikel