Suisse romande

Paru le 25 mai 2010

Editorial

Stéphanie Perrochet

 

La prise en compte du site et des conditions locales demeure essentielle pour tout projet paysager de qualité, même si les sources d’inspiration des créateurs sont de plus en plus souvent internationales. Pouvons-nous affirmer aujourd’hui qu’une oeuvre appartient aux «créations secrètes et sophistiquées» qui refusent de «former le monde sur un modèle», ou au contraire qu’elle tient du «Mainstream, cette culture qui plaît à tout le monde», comme s’interrogeait Laurent Wolf dans «Le Temps» du 10 avril 2010, faisant référence au nouveau livre de Frédéric Martel?

 

Si nous voyons un écart entre la pensée du paysage en Romandie et en Suisse alémanique (la première plus poétique, la seconde plus scientifique?), ces divergences tendent aujourd’hui à s’estomper. L’influence réciproque ne fait-elle pas naître une pensée plus complexe, plus instruite? Sans oublier les nouvelles forces des créateurs, paysagistes sans complexes et cosmopolites, nourris par une communication en ébullition. Finesse et diversité éclosent.

 

On peut ne pas être d’accord avec toutes les «Positions pour un débat sur le paysage romand» formulées par Bernard Crettaz dans le dernier cahier qu’anthos a consacré au paysage romand (Confluence d’influences 2/1991). Cependant les objectifs qu’il énonçait sont toujours pertinents. Afin de «privilégier les chances et risques d’un paysage qui nous ferait vivre notre temps» et faire naître «un paysage réellement urbain», il proposait alors trois moyens, dont deux ont été partiellement mis en oeuvre: aujourd’hui, les pouvoirs publics permettent plus souvent l’expression des «créateurs urbanistes- architectes-paysagistes», tandis que l’on a vu croître ça et là des «créations collectives provisoires, spontanées, mobiles, désordonnées, vivantes».

 

Dans ce même cahier d’anthos, Emmanuelle Bonnemaison revendiquait une «quête d’identité coïncidant avec l’identité linguistique». Aujourd’hui, conscients de leur valeur, les architectes-paysagistes romands ont moins besoin de cette recherche fondamentale. La métamorphose de la société et un travail de longue haleine ont transformé l’image et la pratique de la profession. Ces acquis facilitent le passage vers des idées nouvelles.

 

Entre non-lieux ou espace public convivial, lieu banalisé ou projet remarquable, les nuances possibles sont nombreuses. De nouveaux défis nous attendent: contextualisation, mise en débat de l’espace public, urbanisation du jardin, végétalisation évolutive, prise de conscience retrouvée de la finitude des ressources…

 

Pour relever ces défis, anthos espère nourrir encore l’envie d’explorer. Et d’ajouter au jardin clos une vision ouverte.

 

Articles dans ce cahier

  • Les jardins autour du «Learning Center» > Article
  • Répondre au paysage
  • L’espace-temps archéologique
  • M2: la petite métamorphose
  • Plan paysager de Vennes
  • Parc des Chaumettes, un imaginaire topographique
  • Le Jardin de la Duche à Nyon
  • Images vertes
  • Renaturation de l’Aire à Genève > Article
  • La carpe et le lapin
  • Enseigner le projet de paysage
  • Recherche appliquée en paysage